Si le premier film datant de 1988 commençait à s’effacer des mémoires, une grande partie des fans de Tim Burton attendait impatiemment la suite annoncée par Warner. Lors de l’avant-première au Grand Rex, l’ambiance était au rendez-vous. La salle était comble, remplie à la fois par la presse, les influenceurs, et un public déguisé et surexcité.
Beaucoup, moi la première, avaient accueilli l’annonce de cette suite avec scepticisme, surtout en tenant compte du succès mitigé des derniers films de Tim Burton.
On est heureux de retrouver Lydia Deetz, une trentaine d’années plus tard, complètement perdue, qui utilise sa capacité à parler aux morts dans une télé-réalité, dirigée par un producteur trop proche d’elle. Après la mort de son père dans un tragique accident, elle retourne dans la maison de son enfance, accompagnée de sa fille (jouée par Jenna Ortega), avec qui elle entretient une relation compliquée. Sa fille, adolescente réfractaire et désabusée, est plus rebelle et moins passive que ce à quoi on pourrait s’attendre, à mon grand plaisir. Leur relation est crédible, et on a envie de la voir évoluer. La situation de la famille Deetz est tellement morne au début qu’on attend avec impatience l’arrivée de notre élément perturbateur préféré.
Ayant revu le premier film peu de temps avant la projection pour me replonger dans l’ambiance, je peux affirmer une chose : je n’ai pas été dépaysée. Beetlejuice 2 aurait très bien pu sortir juste après le premier. Même ambiance, mêmes effets spéciaux, avec ce côté carton-pâte qui faisait le charme du premier. Le rythme du film était intense. On ne s’est pas ennuyé une seule seconde, et les rires dans la salle témoignaient de l’humour du film (comme dans le premier opus, principalement porté par le personnage de Beetlejuice). On sent que Tim Burton a eu toute la liberté nécessaire pour revenir à ses racines.
D’ailleurs, il semble avoir utilisé ce film comme exutoire et miroir. Lydia est perdue ; personne ne reconnaît l’adolescente rebelle et excentrique qu’elle était dans les années 80, pas même elle. Elle est célèbre, oui, mais pas pour ce qu’elle est vraiment. Et si cela fait écho aux reproches récents faits à Tim Burton (notamment pour ses collaborations avec Disney, qui d’ailleurs se fait gentiment railler à plusieurs reprises), pas d’inquiétude : le film prouve que Beetlejuice peut toujours réveiller l’enfant terrible d’Hollywood. Métaphoriquement, mais pas seulement. Le film réussit à nous plonger dans son univers loufoque (et un peu crado) avec un plaisir palpable.
Si l’on retrouve certains acteurs du premier opus dans leurs rôles, d’autres sont absents. Alec Baldwin et Geena Davis, selon cette dernière, ne sont pas présents car "les fantômes ne vieillissent pas", contrairement à eux. Pour tout dire, leur absence ne se fait pas vraiment sentir. En ce qui concerne Jeffrey Jones, qui incarnait Charles Deetz, Tim Burton ne s’est pas exprimé sur le sujet, mais il est difficile d’ignorer les accusations de pédophilie et son inscription au registre des délinquants sexuels.
De nouveaux acteurs rejoignent également le casting. Jenna Ortega, qui avait déjà brillé dans le rôle de Mercredi Addams, prouve une nouvelle fois sa compatibilité avec l’univers de Tim Burton. Willem Dafoe, dans le rôle d’une star de cinéma déchue qui maintient désormais l’ordre dans le monde des morts, parvient à rester sous les projecteurs. D'ailleurs il ne cesse d'apparaître sur nos écrans depuis le début de l'année. Quant à Monica Bellucci, malgré son rôle de menace réelle, il est difficile de la prendre au sérieux. Son impact sur les personnages principaux est limité, et l’intrigue qui la concerne reste floue et brouillonne, on ne comprend pas très bien l'utilité de son rôle. Serait-ce là un reste de la manie de Tim Burton à mettre sa compagne en scène dans ses films ?
En bref, si vous avez aimé le premier opus, vous ne pourrez qu’adorer Beetlejuice Beetlejuice.
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